QUIMPER, cathédrale Saint-Corentin
grand-orgue Robert Dallam, Aristide Cavaillé-Coll,
Giroud successeurs-Nonnet (2003) – IV/P, 57 jeux  (composition)



      En 1642, le facteur d'orgues anglais Robert Dallam s'expatrie, fuyant les persécutions de Cromwell, et débarque en France. Rapidement lui est confiée la construction de trois orgues dont il subsiste encore aujourd'hui, à la cathédrale de Quimper, l'admirable buffet de l'orgue de tribune. En 1747, d'importants travaux sont exécutés sur cet orgue par le facteur Marcellin Tribuot. En 1846, Aristide Cavaillé-Coll reconstruit l'instrument tout en conservant de nombreux jeux anciens. En 1901, les frères Henri et Herman Wolf, de Quimper, entreprennent une reconstruction avec positif intérieur, le petit buffet étant alors entièrement vidé pour placer une console indépendante. Cet orgue, du fait de sa conception, se dérégla très vite. En 1956, l'électrification de tout l'instrument fut confiée à Jean Hermann, qui décéda au cours du chantier. La maison Danion-Gonzalez fut appelée à achever ces travaux. Le résultat sonore ne fut pas à la mesure de l'attente et, suite aux nombreux signes de faiblesse constatés les dernières années, le ministère de la Culture décida dans les années 1990 de programmer, conjointement avec le département du Finistère et la ville de Quimper, la reconstruction complète de l'instrument. Celle-ci fut confiée à la manufacture d'orgues Michel Giroud.

      Dans le buffet restauré de Dallam (1643), la partie instrumentale a été entièrement refaite. Cette reconstruction rétablit, sur quatre claviers et un pédalier, 57 jeux, toute la mécanique de tirage des notes (mécanique suspendue) et des registres, ainsi que le positif de dos. Toute la mécanique, les sommiers et le système d'alimentation sont neufs ; neuve également une grande partie des jeux, exceptés, pour le XIXe siècle, les montres 16', 8' et 4' et quelques fonds de Cavaillé-Coll et, pour le XVIIIe siècle, quelques tuyaux du bourdon 16' de grand orgue et des anches du positif. Ce nouvel instrument, reconstruit dans la droite ligne de la grande tradition française, est le fruit de l'heureuse osmose entre le classique et le romantique. Classique par son grand orgue et son positif (pleins jeux, jeux de tierce), romantique par son récit expressif et par les quelques jeux de Cavaillé-Coll. La conception de l'instrument et l'harmonie ont été réalisées par Jacques Nonnet qui s'est attaché à fondre avec élégance les différentes époques de ce grand instrument. Celui-ci permet de servir avec bonheur la majeure partie du répertoire, depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours.

Olivier Struillou, organiste titulaire