ERGUÉ-GABÉRIC, église Saint-Guinal
Thomas Dallam (1680) – I, 11 jeux  (composition)



      Messire Jean Baudour étant recteur de la paroisse, un orgue est commandé à Thomas Dallam pour l'église Saint-Guinal. L'orgue d'Ergué-Gabéric a donc été construit vers 1680, alors que la commune compte environ 1 500 habitants. Contemporain et presque jumeau de celui de Ploujean, l'instrument d'Ergué est probablement construit à la suite d'une commande un peu rapide. Ainsi y trouve-t-on des tuyaux, tous de Dallam, mais de provenances différentes : Thomas Dallam aurait-il profité de jeux qui lui restaient d'autres chantiers ? 

      Le 2 février 1836, le clocher est abattu par une tempête et « le jeu d'orgues a éprouvé une commotion telle que le mécanisme des tuyaux se trouve totalement dérangé » mais, faute de subvention, il faudra attendre 1845 pour que François Bardouil effectue les travaux de remise en état. Le 2 mai 1903, 1 200 francs sont payés aux frères Wolf, facteurs à Quimper, pour ce qui sera sans doute la dernière intervention avant que la voix de l'orgue ne s'éteigne définitivement. 

      Classé monument historique en 1975, l'orgue voit sa restauration confiée à la maison Jean Renaud de Nantes. L'inventaire de la tuyauterie fait apparaître près de 450 tuyaux de Dallam, soit près des deux tiers de l'ensemble d'origine. Le buffet élancé est typique du facteur, avec sa tourelle centrale en proue de navire évoquant, pour certains, la traversée de la Manche depuis l'Angleterre. Après décapage des boiseries, la polychromie, dont il subsistait encore quelques traces vers 1920, a été refaite à neuf par Paul Hémery, ébéniste au Faouët. Enfin, en 1990, la pression est fortement abaissée et l'harmonisation reprise, le diapason rétabli un ton plus bas que le diapason actuel avec un tempérament inégal proche de celui de Schlick (1511).

Hervé Caill, facteur d'orgue